Le président tunisien, Moncef Marzouki, a approuvé la désignation, par le parti Ennahda, d'Ali Larayedh au poste de premier ministre. Il sera officiellement investi.
C'est un ingénieur de la marine marchande, originaire de Médenine (sud de la Tunisie),il avait été secrétaire général du mouvement islamiste d’Ennahdha avant d’écoper de 15 ans d’emprisonnement dont 10 en isolement.
Une fois entré au gouvernement de Hamadi jebali suite aux élections du 23 octobre 2011, il a semblé un moment dépassé par les événements surtout les événements violentes de 9 avril 2012, de Silana et dernièrement l'assassinat de Chokri Belaid, il avait du mal à tenir le ministère d'intérieur, l’un des plus sensibles et les plus corrompus en Tunisie en raison de la dictature de Ben Ali.
Ses 14 mois à l'Intérieur était pourtant assez reprochable. Il a été accusé de négligences lors de l'attaque de l'ambassade américaine en septembre 2012, et récemment lors de l'assassinat de l'opposant laïc Chokri Belaïd. On lui reproche son laxisme et sa faibelesse face à l'essor d'une mouvance salafiste violente, dont il a été lui-même la cible. Abou Iyadh, chef djihadiste suspecté d'être l'organisateur de l'attaque contre l'ambassade, s'est adressé à lui mi-septembre: "Je m'adresse au ministre de l'Intérieur en personne pour lui dire: vous êtes devenu un fardeau pour votre mouvement et un fardeau pour le peuple."
la nouvelle mission de Ali Laarayedh est assez délicate et une lourde tâche, vu qu'il doit affronter une crise de confiance sans précédent, lancer rapidement des signaux forts permettant la relance économique et veiller à ce que le pays aille vers des élections dans la plus grande transparence.Ali Laarayedh a confirmé que: "Nous allons entrer dans la phase de composition du nouveau gouvernement qui sera celui de tous les tunisiens et tunisiennes compte tenu du fait que hommes et femmes sont égaux en droits et en devoirs" et c'est après avoir accepté de succéder au premier ministre démissionnaire, Hamadi Jebali, qu’il a tenu à remercier pour ses efforts, par l’occasion.
Il a 15 jours pour mener des consultations en vu de former un gouvernement et d'en soumettre la composition au président Moncef Marzouki avant le vote de confiance de l'Assemblée nationale constituante.
L'opposition est divisée à propos de cette nomination:Noomane El Fehri, député du Parti républicain a ditque :"cette nomination est un retour en arrière, indépendamment de la personne d'Ali Larayedh,l'indépendance des ministères de la Justice et de l'Intérieur n'est pas du tout garantie,et je vois mal comment on va convaincre le peuple et expliquer la neutralité de l'État".
Pour Moncef Cheikhrouhou, le député et un des fondateurs de l'Alliance démocratique, estime qu'il est "le candidat le mieux indiqué", relevant que, "maintenant, en Tunisie, ce sont les gouvernements qui tombent et non plus le peuple".